Dans la période d’atrophie qui est la nôtre, où les pires décisions et les pires événements n’engendrent aucune gronde populaire, le souvenir des Gilets Jaunes prodigue le sentiment nostalgique d’un moment politique où tout fut possible.
L’Acte I du 17 novembre 2018 a surpris tous ceux qui pensaient que le peuple ne se soulevait plus en dehors de l’encadrement syndical : via Facebook, réseau de la France active et centrale, les opposants à la hausse des carburants se sont organisés et ont dressé des barrages.
Au terme d’une journée de mobilisation inédite dans tout le pays, qui fit un mort, des blessés mais des millions de sympathisants, la fronde contre les prix à la pompe s’était muée en volonté d’affirmer aux yeux de tous l’existence d’un peuple besogneux mais caché, silencieux.
Les actes II et le III notamment furent l’acmé du mouvement : non encore corsetés par les organisations de gauche qui conduisent tout mouvement social à la putréfaction, les Gilets Jaunes furent le bras violent et légitime de la France souterraine et périphérique.
Avec des mots d’ordre patriotes et touchant aux conditions de vie de la France majoritaire, le mouvement a pu s’autoriser un niveau de violence dans les rues qui non seulement n’a pas été rejeté par l’opinion, mais soutenu par elle !
Pour nous, étudiants militants du camp national, ce fut une bouffée d’air frais, et La Cocarde a dès le départ soutenu et rejoint les mobilisations. Ce que nous y avons vu ou ressenti ? Que la France ne consentait plus unanimement à mourir. Il n’y avait rien de plus important.
Dans la participation à une force qui le dépassait, que rien ne semblait arrêter pas même tout ce que le pouvoir déployait d’équipements de guerre ou de propagande, le Gilet Jaune était à la fois l’allégorie de la résistance, de la liberté et de la souveraineté de la France.
Militants, nos vies ont été rythmées chacune de ces magnifiques semaines par l’organisation du samedi suivant. Nous n’avions pas de voitures, donc pas de problème de plein d’essence ou de taxes. Mais c’était notre peuple qui se révoltait, et là était donc notre place.
L’esprit qui présidait aux premiers actes s’est ensuite peu à peu évanoui, aspiré par des sociologies et des imaginaires politiques différents incompatibles avec ceux de la France majoritaire. La gauche n’organise pas la révolution, elle en tue les conditions.
Éteints, les Gilets Jaunes n’ont pas refait surface, excepté sous la forme parodique et grotesque entretenue par quelques entrepreneurs politiciens.
Nous ne pensons pas qu’il s’agissait d’un dernier souffle. Il s’agissait d’une démonstration de vie avant un retour en dormition.