Ceci est un article polémique, qui a comme but d’interpeller ceux d’entre nous qui perdent trop de temps à suivre le cirque médiatique.
Sommes-nous condamnés à choisir entre le gauchiste Louis Boyard, qui trouve plus déshonorant de serrer la main d’un député Rassemblement National que de vendre de la drogue, et Cyril Hanouna, qui bafoue toute culture et tout respect pour faire de l’audimat ? La « droite », habituée à défendre aveuglément tout ce qu’attaque la gauche, ira-t-elle jusqu’à soutenir un des fers de lance de l’abrutissement des français, TPMP, parce que la France Insoumise prétend que cette émission est d’extrême-droite ? À ce jeu- là, on finira par soutenir la propagation des poux dès qu’une mairie de gauche voudra les éradiquer des écoles…
Il s’agirait de revenir à la décence. Cette émission est indécente. C’est même sa raison d’être. Elle révèle l’ampleur de la catastrophe anthropologique qu’a produite une modernité exacerbée. Voltaire n’imaginait sans doute pas que le persiflage érigé en règle de vie et l’argent en roi du pays allaient conduire à un spectacle aussi dégradant pour l’humanité. Mais voici pourtant les conséquences ultimes de sa philosophie. Simplement la religion, qu’il croyait pouvoir utiliser pour contrôler le peuple tandis que lui et sa clique de parvenus se gavaient dans son dos, a été jugée trop contraignante pour un marché sans borne, et a donc été remplacée par l’industrie du divertissement.
Certes, me direz-vous, au moins il y a des invités de droite, il y a eu des gilets jaunes, il y a une vraie pluralité idéologique, contrairement à ce qu’on trouve sur les autres médias… Mais c’est l’habileté d’Hanouna que de faire croire aux français que cette émission les représente. Et de créer une fiction de liberté avec ces chroniqueurs qui s’énervent et pètent un cable. Il n’y a pas plus de société vivante, alors on crée une fiction de vie sociale, et tout le monde semble se prendre au piège. On est ici dans la grotte de Platon, et même plus profond sous terre : car ce n’est ici que l’ombre des montreurs de marionnettes qu’on voit, l’univers référentiel étant celui de la télé (elle-même ombre de la réalité). Comme l’a récemment très bien expliqué Juan Branco sur sa chaîne, suite à son passage avec Damien Tarel, tout est là-bas calculé pour qu’Hanouna ait le dernier mot. Le système politique et judiciaire ayant été complètement délégitimé, le guignol s’institue souverain, et refait les procès, et juge le roi lui-même.
Soyons donc plus radicaux que la France Insoumise : ce n’est pas pour ses collusions avec Bolloré que nous dénonçons cette émission, mais parce qu’elle représente un système qui ne prospère que sur le pourrissement de la société. TPMP est une insulte quotidienne faite aux Français : ne nous résignons pas à ce que la vie culturelle de la France périphérique soit réduite à cela, dénonçons le modernisme qui a détruit la vie sociale des peuples, et cherchons à réintroduire des loisirs plus nobles, plus sains et plus fertiles au sein d’une population déshéritée.
Évidemment, Louis Boyard et ses camarades ne peuvent pas aller dans leur dénonciation au-delà de l’accusation de « racisme » : car ils sont eux-mêmes les créatures de ce cloaque médiatique, Hanouna n’avait pas tort de l’affirmer. Si un élu de la nation peut se faire autant manquer de respect par un infâme bouffon, il s’agirait de se demander pourquoi. Et la réponse ne viendra pas d’une gauche woke et immigrationniste qui lutte sans relâche pour détruire notre cité, et donc la dignité attachée à la représenter. Il est d’ailleurs ironique que ce soit précisément Louis Boyard qui se soit fait insulter aussi violemment : car comment peut-il se plaindre qu’on lui manque d’égard, alors qu’il avait lui-même manqué d’égard envers Philippe Ballard, en refusant de serrer la main à cet élu du Rassemblement National qui n’est pourtant pas moins député que lui ? Les cris d’orfraie de la France Insoumise doivent donc prêter à rire : ceux qui insultent de tous les noms les millions de Français qui osent vouloir rester maître chez eux ne devraient pas se scandaliser d’être eux-mêmes insultés.
Sans défendre donc la brutalité obscène de Cyril Hanouna, nous n’avons pas à nous apitoyer sur le sort de ceux qui participent à l’effondrement de notre système de valeurs, effondrement dont TPMP est le fruit. L’arroseur se trouve arrosé, la meute libérale s’entre-déchire, le progressiste Boyard s’en prend au capitaliste Bolloré sans comprendre qu’il est le revers de la même médaille libérale (pardonnons-le, il était trop occupé à organiser des blocages et à dealer pour lire Michéa). Élevons-nous au-dessus de ce cloaque, et ne nous y intéressons que dans la mesure où nous pouvons ramener certains de nos compatriotes hypnotisés par ce cirque à une vie plus saine, plus digne, plus française. Il ne s’agit pas de grimacer de dégoût comme certains vieux réacs devant le triste état spirituel de cette société du spectacle : car au fond, tout le monde, Alain Finkielcraut compris, y est embourbé. Reconnaissons l’avilissement universel pour s’en extraire, purifions-nous autant que nous le pouvons, et pleins de la force intemporelle des héros et des saints, retournons dans l’arène, mais en étant capable de dompter le tigre (et la horde des hyènes)…
Aurélien Baude