Cette question qui hier encore ne semblait pas poser problème, est venue se rappeler à notre bon souvenir, par le biais du fondamentalisme islamique qui s’est emparé de certains de nos quartiers. En effet, ce fondamentalisme pose à un grand nombre d’individus un dilemme se résumant à savoir si leur identité se rattache à l’Ouma, la communauté des croyants, ou si au contraire, leur identité est celle de la France. Cette question, elle tourne et tel un serpent de mer, réapparaît dans le débat intellectuel. Mais, les années 1980 et 1990 ont imposer le mythe « d’un vivre-ensemble » béat qui reléguait cette question au fin fond de l’histoire. Las, le XXI éme siècle s’est chargé de façon cruelle de reposer cette question.
Et pourtant, force de constater que notre époque est celle de la dissolution des états et des nations en un magma politique informe.
Depuis les années 1980 et 1990, d’aucuns à l’image de Fukuyama ont proclamé la fin de l’Histoire et l’avènement d’un village global dans lequel les peuples et leurs mémoires seraient broyés afin de forger des êtres perdus, des individus déracinés s’exprimant en quelque espéranto. Ces prophètes des temps nouveaux souhaitent et mettent en œuvre la déconstruction de la patrie qui, hélas, dresseraient les français les uns contre les autres, transformant ce peuple, jadis uni, en une myriade de communautés recroquevillées sur elles-mêmes et refusant les lois de la France ainsi que son Histoire et son héritage. Et, dans le monde, partout où se pose notre regard, cette globalisation triste et bienveillante tente de broyer les grandes civilisations en annihilant, dans son rêve nihiliste, ou du moins, en prétendant annihiler les traditions et les particularités de chacune au nom d’un froid et totalitaire multiculturalisme. Cette globalisation pousse son fantasme d’homme nouveau, peu éloigné à son aboutissement des cauchemardesques idées des terribles barbaries du XXème siècle, jusqu’à organiser et à permettre les grands mouvements de population qui aujourd’hui assiègent l’Europe et appauvrissent l’Afrique. Ce sont ces phénomènes qui, aujourd’hui, menacent notre cohésion nationale et l’existence même de notre peuple. Dans ce monde mouvant et changeant, une question résonne à nos oreilles. Cette question unique, centrale, cette interrogation, ce débat récurent, les-voici : qu’est-ce qu’être français ?
Cette question transcende, à la fois, notre vie quotidienne et la vie politique partisane. Et la réponse que nous, français, lui apporterons engagera durablement notre Nation. Soit nous nous considérons comme un peuple unique et uni, soit comme un fragile agrégat de communautés qui se toisent et se défient. Voilà les deux issues de la question. Mais avant de vous décider, rappelez-vous que l’Histoire qui s’est remise en branle et qui, même, s’accélère, nous jugera et que ses implacables arrêts nous plongeront à jamais dans les nimbes de l’histoire si, par malheur, nous venions à faire le mauvais choix. Souvenons-nous aussi que, partout et en tout point du globe, les peuples se révoltent contre la mort qui leur ai promise. Déjà, des civilisations multi séculaires comme la Russie ou la Chine se dresse contre ce cauchemar qui aboutirait à la mort des pays par dissolution des peuples.
Pour éviter ce fatal destin, toujours cette même question : qu’est-ce qu’être français ?
Cette question n’est pas un débat nouveau.
Dès le XIXème siècle, plusieurs conceptions de la Nation s’affrontèrent dont la conception allemande. En effet, afin de justifier les expansions successives de leur empire, les philosophes et historiens allemands construisirent leur idée de la Nation sur des critères ethniques et biologiques. Ainsi, la qualité d’allemand est définie par son appartenance à un clan, à la « race des germains ». Cette conception ne saurait nous satisfaire pour définir la qualité de français puisqu’elle est contredite par la réalité. Ainsi nul ne penserait à retirer aux citoyens des États-Unis leur qualité de peuple américain et pourtant, ce peuple n’est ni ethniquement homogène, ni biologiquement, ni même, à l’origine, culturellement homogène. Et ce n’est là qu’un exemple d’une nation qui ne correspond pas à la définition allemande de peuple et de Nation.
On pourrait également se contenter de la définition juridique.
En effet, du point de vue juridique, la réponse est simple. Est français celui qui possède un passeport français. Mais c’est là une réponse bien courte et qui, à la vérité, ne répond à rien. Nous sentons bien que la qualité de français n’est pas réductible à un bout de papier bordeaux. Cela le dépasse, le transcende, c’est tellement plus que cela.
Ernest Renan parlait dans son ouvrage Qu’est-ce la Nation des années 1890 d’une volonté de vivre ensemble.
Ainsi être français, c’est selon sa formule un plébiscite de tous les jours. Nous sommes français car nous avons l’insatiable volonté de bâtir une œuvre politique commune, de créer une communauté de destin. Nous souhaitons en tant que français avoir un avenir à construire en commun. Être français, c’est d’abord donc une question de volonté. Avoir la volonté de partager une mémoire commune, la volonté de vivre un présent ensemble et de construire un futur commun. Cependant, la volonté de vivre ensemble n’est pas suffisante à définir le français. En effet, dans certains pays africains comme le Botswana ou la Namibie, fruits de la colonisation car construction arbitraire des autorités européennes, les différents habitants partagent un présent commun et une volonté de construire l’avenir. Néanmoins, ils ne forment pas des peuples unique, ils forment un agrégat de communautés vivant ensemble. Ces pays sont, en réalité, peuplés par plusieurs peuples. Au Botswana, par exemple, vivent des individus issus du peuple Afrikaner et des individus issus du peuple Swahili.
Pour être français, il faut à la fois avoir la volonté de vivre ensemble mais aussi il faut partager une histoire et une mémoire en commun.
Marc Bloch, l’immense historien du XXème siècle, écrivait qu’il fallut vibrer de la même intensité devant le spectacle sublime des sacres des Rois de France à Reims et devant celui magnifique de la fête de la fédération du 14 Juillet 1790. Les français doivent tous avoir dans le patrimoine culturel qui nous est commun à tous, l’amour de la grandeur de l’Etat qui nous ai un legs de Richelieu, Louis XIV, l’amour de l’égalité, fruit des combats de Gambetta, Jaurès et Clemenceau, amour de la Justice nous venant de l’affaire Dreyfus et du terrible et foudroyant J’accuse de Zola. Être français c’est, à la fois, partager les mêmes références littéraires, les mêmes références artistiques et les mêmes références morales. Être français, c’est ressentir de la fierté au sujet de ce superbe monument du temps qu’est l’Histoire de France. Respecter, et les grands rois, et les grands hommes de la République. Respecter Philippe le bel, Louis XI, Louis XIII et Richelieu, Mazarin et Anne d’Autriche, Louis XIV et Colbert, Napoléon Ier et Napoléon III, Thiers et Hugo, Gambetta et Albert de Mun, Jaurès et Clemenceau, de Gaulle enfin.
Il me semble ici important d’établir une distinction entre la France et les français.
Il est vrai que les précédentes définitions semblaient réduire la France à l’ensemble des français. Or pour reprendre de Gaulle, il y’a la France et il y’a les français. Vous, votre voisin et moi ne sommes pas d’infimes parties de la France et l’ensemble du peuple français n’est pas la France. La France fut, est et sera à jamais quand nous ne sommes que d’éphémères êtres qui ne furent pas et ne seront jamais. Et puisque la France est autre chose que son peuple. Le français se doit comme français d’aimer la France. Mais je parle d’ici non pas d’un plat amour théorique mais un amour charnel, passionnel que nous nous devons de porter à celle que Charles Péguy appelait « Notre Dame la France ». Que notre Credo soit le suivant : j’aime la France, oui, j’aime la France dans ses pierres, j’aime cette dame qui se pare d’innombrables églises et cathédrales comme autant de bijoux. J’aime ses fermes paisibles qui apparaissent hors de la brume. J’aime ses châteaux qu’ils fussent médiévaux, renaissances ou bien classique. J’aime la France pour sa beauté naturelle, pour ses vallées paisibles, ses sommets majestueux, le faste de ses côtes et la douceur de ses vignes. J’aime la France pour ce qu’elle est, une merveille de la nature encore embellie par les hommes. De cette amour mystique entre les français et leur cher vieux pays, il découle, naturellement, un autre trait propre à la qualité de français.
Car cette merveille, cette Nation vivante, n’est pas invincible.
Plusieurs fois, dans son histoire, notre pays a connu le risque de la disparition. Il n’a dû sa survie qu’au sacrifice des français passés. Aimer la France nous impose à tous de la défendre et de la protéger. En naissant français ou en le devenant, nous entrons dans une garde en charge de plus précieux des trésors. D’aucuns accomplissent jusqu’au bout cette mission de gardien du sol sacré de la patrie en s’engageant dans les forces de l’ordre ou les forces armées, faisant don de leur vie à la France. D’autres en comptant et en racontant l’histoire de nos territoires et nos terroirs permettent la survie spirituelle du pays et du peuple.
Si nous sommes protecteurs à mes yeux, de la patrie, c’est parce que nous n’en sommes pas propriétaires. En effet, à rebours des idées modernes qui voudraient voir dans l’homme, un être totalement libre, n’ayant de comptes à rendre à personne, je pense que nous ne sommes pas propriétaires de la France, nous en sommes les héritiers et les usufruitiers.
En effet, la France est, à la fois une construction naturelle, mais aussi une construction humaine.
Chaque génération a posé sa pierre à ce superbe édifice. En conséquences, nous avons, nous les français actuels, le devoir de prendre soin de cet extraordinaire héritage afin de le transmettre plus prospère encore à nos fils et filles et aux générations suivantes. Nous avons une obligation morale envers l’avenir mais également envers le passé. Être français, c’est aussi un lien qui nous relie vers le passé. Barrès, dans son ouvrage La Terre et le sang, souligne avec justesse le poids des générations précédentes sur les français. Nous devons par nos actes et nos paroles rendre hommage et nous rendre digne des anciens. La France est telle un arbre qui prend racine dans les morts. La France est une terre irriguée du sang de ceux qui ont vécu, qui ont eu des rêves et des espoirs. Chaque parcelle de sa terre est imprégnée de la vie de centaines de générations qui vécurent ici, qui la transformèrent et l’entretinrent.
Et c’est la raison pour laquelle le français se doit d’être enraciner dans un terroir. Le français est pareil au chêne qui pousse vers le ciel mais qui garde ses racines profondément ancrées dans la terre. Ainsi le français doit aspirer à de grandes choses et à de glorieux horizons comme le chêne s’élance vers le ciel, mais il doit rester profondément attaché à la terre où il est né et où il fut élevé comme l’arbre reste enfoncé dans le sol. Ainsi je condamne ce centralisme idéologique excessif qui découle du jacobinisme et qui vise à rejeter les identités locales et régionales. Ainsi, à mon sens, c’est parce que on est éminemment breton, bourguignon, alsacien ou picard que l’on est français.
Voici donc les principes qui fondent la qualité de français.
De cette conception qui relève plus d’un état d’esprit et de qualités morales, on en tire la conclusion naturelle que l’on ne née pas français mais qu’on le devient. Ainsi je récuse les théories qui ne basent l’idée de la Nation que sur l’appartenance à une prétendue race. Et tous, nous avons pu expérimenter cette pensée de considérer certains, mêmes nés hors de notre pays comme plus dignes de la qualité de français que des filles et des fils de français nés en France et dont le comportement porte atteinte à l’honneur du nom de « français ». Cette idée sous-tend qu’il ne faut pas considérer que la nature de français n’offre que des droits. En effet, si il est indéniable que découle de la qualité de français, un certain nombre de droits sociaux, économiques et politique, il n’en reste pas moins vrai qu’il en découle avant tout des devoirs dont le plus important ne peut être que celui de prouver par ces gestes, ces paroles et ces actes la dignité du peuple français.
Comme tous les peuples, le peuple français a développé un certain nombre de particularités et de qualités qui lui sont propres. Il est naturel à ce titre de chérir ces particularités et à les estimer comme les meilleurs pour nous. Cependant cet amour que nous portons à nos traditions et à nos particularités ne doit pas entraîner une haine et un mépris pour les particularités des autres peuples. Notre conception de la nationalité française ne saurait se conjuguer avec un quelconque racisme envers les autres peuples, pour ses traditions et sa culture. Car nous ne saurions refuser aux autres nations le respect que nous demandons pour nous-mêmes.
Cette définition du peuple français a le mérite à la fois de sauvegarder la France et l’identité nationale tout en permettant d’accepter des éléments étrangers au corps national d’origine à la condition qu’ils s’y assimilent afin de ne faire plus qu’un.
Voici donc pourquoi il est nécessaire que nous retrouvions une cohésion qu’aucuns voudraient voir éclater. Car pour que la France reste la France, nous devons rester français. Si nous refusions de rester français, de nous considérer comme un peuple unique, alors la France sera condamnée car la Nation ne saurait perdurer si aucun peuple ne la soutient. Or la stabilité et la paix dans le monde exige précisément que la France reste ce qu’elle n’a jamais cessé d’être un soldat de l’idéal. De plus, si nous voulons construire une Europe réellement conforme à l’histoire et à la sauvegarde des peuples, il faut que les états membres soient résolument nationaux et préoccupés par leurs intérêts. En un mot, non aux états-unies d’Europe, oui à l’union des états européens, oui à une alliance des états souverains qui elle seule pourra protéger les identités nationales.
Attention, vous avez rendez-vous avec l’histoire et la France, ne le manquez pas ! Vous serez jugés sur cela.