Les Désertiques I : un fuyard dans le Béarn

Les Désertiques 

ou véridiques transcriptions des heurs et malheurs de l’Ermite de Pau


Un fuyard dans le Béarn 

Cette historiette montrera à notre honorable lecteur comment, par ciel et terre, quarante-huit heures après l’injonction générale de confinement, on put encore traverser la France de part en part. 

La compagnie nationale des trains, qui n’aura bientôt plus rien de national, annula tout bonnement nos  deux billets commandés successivement avant la fatidique échéance du lundi seize mars, à midi. Ce fâcheux désagrément causa à nos propriétaires quelques états d’âme, puisque nous partageons le même toit et qu’ils se trouvent être de ces « personnes à risque » qu’il s’agit de ménager sérieusement. Le délai gouvernemental étant passé, il semble que le motif invoqué dans notre attestation ainsi que la longueur du voyage risquait fortement de se solder par une amende. Pleins d’effroi, ils m’invitèrent le plus aimablement possible à quitter la place où nous nous étions résigné à passer cette période de confinement. Devant l’impossibilité d’utiliser le rail, ils insistèrent pour offrir à votre serviteur un billet à destination de l’aéroport de Pau.

Nous partîmes donc le mercredi dix-huit mars, montant dans un avion garni de baby boomers rapatriés, rôtis au soleil d’Egypte, et par ailleurs copieusement insouciants quant à la pandémie qui les menaçait directement dans une carlingue remplie jusqu’à la barbe. 

Du midi suburbain de Paris à l’aéroport qui porte le nom d’un général bien connu, de cet endroit à l’aéroport de Pau, de l’aéroport  susmentionné au centre-ville et à la gare, et de la gare de cette ville jusqu’à une station perdue en pleine campagne béarnaise, pas un gendarme ne pointa le bout de son nez. C’est seulement en empruntant un dernier autobus vers un lieu plus reculé encore qu’un chauffeur nous expliqua que, le matin même, il avait subi trois contrôles de police. Avec l’angoisse commune aux fuyards, terrés au fond de ce véhicule de malheur, nous fûmes amenés jusqu’à notre ultime destination après avoir croisé une équipe de sergots qui eut la courtoisie de juger tout contrôle inutile.

Une demi-heure plus tard, nous étions enfin arrivés au refuge qui sera le nôtre durant cette hibernation forcée. Il s’agit d’un ermitage isolé en lequel résident deux de nos honorables amies. L’avantage indéniable de cette retraite est que son isolement empêche nécessairement le citadin en fuite de contaminer de pauvres gens qui n’ont rien demandé.

Il faut ici rapporter une conversation que le chauffeur du dernier autobus eut avec son seul autre client et l’un de ses collègues avant de partir pour son dernier trajet quotidien. Pendant que votre serviteur faisait, tel que le veut l’expression, « profil bas », lui et son énorme sac flanqué d’une étiquette dénonçant clairement sa francilienne provenance, pendant, donc, que nous étions bien honteux de nous-mêmes, voilà que la discussion porta sur la horde innumérable de bourgeois qui s’exilaient dans une campagne que ces derniers passent leur temps à vomir et à mépriser, mais que la circonstance forçait à considérer fort amoureusement. 

Ces parichiens allaient nécessairement infecter des provinces entières, s’acheminant dans des terres rétrogrades et obscurantistes où, paraît-il, on n’affrête aucun char pour célébrer l’utilisation inorthodoxe de son fondement à des fins inavouables –  probablement parce que cela ne regarde personne. Ils arrivent en campagne, armés du rictus bonhomme qu’affectent les colons en terre conquise, trônant sur des terrains savamment dérobés aux autochtones – qu’ils n’utilisent pourtant pas trois mois dans l’année, daignant à peine embaucher du bout des lèvres un sauvage qui n’a probablement pas de téléphone moderne afin qu’il tonde régulièrement leur jardin. Ils pillent les boutiques alimentaires afin de garnir leurs étagères de provisions, ne laissant ainsi plus rien aux bouseux arriérés qui garnissent et ornementent, tels de sympathiques macaques d’exposition, la pestilentielle vitrine de leur campagne imaginaire, aux airs éminemment pittoresques et philanthropiques de pastorale versaillaise. 

Ces gens de Paris pourront ainsi, et à loisir, se réconcilier avec la nature, se ressourcer, « se reconnecter avec eux-mêmes », comme si tout ce qui leur traversait l’esprit n’avait pas toujours un lien solide avec leur infâme petit nombril de mutant stérilisé. Il fut une époque – que nous portons la culpabilité de ne pas regretter – où l’on administrait la bastonnade à des larrons moins chevronnés. 

– Drôlatiques, nous rétorquera-t-on, votre vituperatio à l’endroit de la gente parisienne dégénérée. Mais vous oubliez bien vite, sombre fat, que vous en êtes. Vous êtes même d’une engeance plus particulièrement crottée, et d’autant plus ignominieuse qu’elle est intrinsèquement bourgeoise et ingrate, la condition estudiantine !

On aurait, en fait, bien raison de le dire. En quittant la turne parisienne ce mercredi, nous avions au ventre la coupable sensation qui doit hanter tous les traîtres, les déserteurs et les foutriquets à qui l’on donne des chances qu’ils ne méritent pas…. le principal problème de cette sensation étant qu’elle constitue une inévitable vérité.

Ce récit s’écrit tranquillement sur une table de jardin, en plein soleil, tandis que des gens crèvent en silence dans les hospices, et que d’autres se terrent dans des bauges exigus et sinistres lorsqu’ils ont la chance d’avoir quatre murs et un toit. C’est pourquoi la prochaine partie de cette feuille sera consacrée à la façon dont on peut corriger cette injustice ignoble.

 

Marc Ducambre

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