La carte scolaire

Qu’est-ce que la carte scolaire ?

Le Ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse définit la carte scolaire comme un outil qui “permet l’affectation d’un élève dans un collège ou un lycée général ou technologique correspondant à son lieu de résidence1”, à savoir que les conseils départementaux gèrent les collèges et que l’État gère les lycées. Cependant, à mesure que les disparités socioéconomiques s’accentuent dans notre pays, on remarque la présence d’un fossé – parfois abyssal – entre différentes académies, principalement au niveau des résultats scolaires. En prenant en compte la lente déliquescence de l’Éducation nationale ces dernières décennies, dans quelle mesure peut-on dire que la carte scolaire est devenue un sujet de société ?

La carte scolaire mise en contexte

De prime abord, si ce système d’affectation scolaire géographique présente des intentions louables, telles qu’une volonté de mixité sociale et d’égalité des chances, ses inconvénients sont nombreux dans la France d’aujourd’hui, notamment pour les familles honnêtes vivant dans les zones “difficiles” de notre pays : l’établissement où l’enfant étudiera est donc imposé, et cela inclut malheureusement les collèges et lycées au niveau catastrophique et à l’insécurité alarmante.

Certains opposants à la carte scolaire estiment qu’elle fait plus de mal que de bien pour les élèves, considérant le fait que les résultats de ces derniers sont souvent très différents d’une ville à l’autre, et parfois entre différents quartiers d’une même ville. Ce système peut également être vu comme une nouvelle forme de ségrégation territoriale, le découpage étant généralement basé sur les ensembles administratifs déjà existants et, par conséquent, sur les problématiques rencontrées sur place. Voici un exemple récent qui démontre de manière effective la très grande disparité entre les secteurs de scolarisation. Au mois de septembre 2023, des évaluations nationales ont été organisées auprès des élèves de notre pays, dont auprès des collégiens. Dans un article du Ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse évoquant les résultats de cette évaluation nationale2, il est mentionné que l’écart de niveau entre les élèves scolarisés en REP+ et hors REP+, bien que restant stable cette année, est tout de même notable. Si l’on reprend les termes de cet article, il est précisé que “s’agissant des différences entre secteurs de scolarisation, les résultats révèlent une stabilisation des écarts de performance entre les élèves scolarisés en REP+ et ceux du secteur public hors Éducation Prioritaire, entre 2022 et 2023, après une réduction observée entre 2021 et 2022”. Ainsi, ces résultats scolaires – superposés au contexte de la carte scolaire dont il est ici question – sont intrinsèquement liés aux diverses difficultés en tous genres rencontrées à certains endroits du territoire, et ce, malgré tous les moyens mis en place pour améliorer la qualité de vie de ces zones…

En somme, le découpage de la carte scolaire de l’Éducation nationale est à l’image de la France d’aujourd’hui, fragmentée entre plusieurs sociétés, mettant à mal le prétendu “vivre-ensemble”. Ce paradoxe du “vivre-ensemble” dans lequel il faut être favorable à la carte scolaire et aux valeurs de mixité sociale et d’égalité des chances qu’elle promeut, mais où à la fois il faut être le plus habile possible afin de savoir la contourner lorsque cela nous arrange.

La carte scolaire face au réel

Le monde de l’éducation n’échappe pas au réel. Ainsi, il est temps d’évoquer le cas des collèges et lycées dits REP+ (Réseau d’Éducation Prioritaire) : un établissement obtient cette classification en fonction d’un “indice social” basé sur des critères socio-économiques liés aux revenus du foyer, au taux d’élèves boursiers, au taux d’élèves résidant dans un “quartier prioritaire de la politique de la ville” ou au taux d’élèves ayant redoublé la classe de sixième. De plus, le site internet Eduscol3 précise que le dispositif REP+ s’inscrit dans la continuité de l’article L.111.1 du Code de l’éducation qui dispose que : “Le service public de l’éducation est conçu et organisé en fonction des élèves et des étudiants. Il contribue à l’égalité des chances et à lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative”.

Dans une publication datant de 20184, la Cour des comptes a révélé que le coût de la politique d’éducation prioritaire s’élevait à 1,4 milliard d’euros en 2016 et à 1,6 milliard d’euros en 2017, “au bénéfice de 20% des élèves et 30% des élèves défavorisés dans plus de 1 000 réseaux d’éducation prioritaire, réunissant collèges et écoles, dont 350 en éducation prioritaire renforcée”. Mais surtout, les objectifs de réduction des écarts de niveaux scolaires n’ont pas été atteints, s’élevant entre 20 et 35% selon les matières, contre les 10% souhaités : on ne pourra pas dire que des moyens financiers, humains et matériels n’ont pas été mis en place. Par ailleurs, les zones REP+ correspondent aux zones appelées “les territoires perdus de la République”. Ces territoires souffrent de nombreux maux : précarité, haut taux de chômage et de bénéficiaires d’aides sociales, grande insécurité… Les inquiétants résultats scolaires dans ces zones en sont l’une des conséquences. Ainsi, la carte scolaire par son critère géographique, concentre et perpétue ces problématiques, ne permettant pas à ces enfants de sortir de leur situation et d’atteindre l’ascenseur social.

Même si le Ministère de l’Éducation nationale précise que “chaque famille a la possibilité de formuler une demande de dérogation afin que son enfant soit scolarisé dans un établissement de son choix1”, il n’est pas toujours évident pour les familles plus modestes d’offrir à leur enfant une éducation dans un établissement public de haut niveau quand on vit dans une ville à problèmes. La flexibilité de la carte scolaire a donc certaines limites, et les familles n’étant pas issues de classes aisées sont contraintes de fournir davantage d’efforts par rapport aux autres (et parfois se retrouvent également empêchées d’y accéder, même en faisant des efforts), afin d’obtenir une place pour leur enfant dans un collège ou lycée public décent.

Il serait également pertinent d’évoquer sur cette question l’hypocrisie récurrente et propre aux personnes issues de classes relativement aisées et plutôt de gauche. En effet, ces gens prônent sans cesse la mixité sociale et culturelle, mais lorsqu’il leur est demandé de scolariser leurs propres enfants dans un établissement d’affectation qui ne leur convient pas, les actes ne suivent alors plus les paroles, et ils s’empressent ainsi de contourner la carte scolaire pour assurer une meilleure éducation et un meilleur avenir à leur progéniture. Par ailleurs, cette hypocrisie se poursuit sur le banc des ministres, celui-ci  sur lequel siège des ministres faisant l’apologie de cette conception utopique et mensongère de l’Education nationale, tout en dérogeant de la même manière à la carte scolaire pour leurs enfants ou en les inscrivant dans des établissements privés.

Que faire de la carte scolaire ?

La carte scolaire est bel et bien un sujet de société dans la France du XXIe siècle, car les diverses problématiques socio-économiques et culturelles auxquelles est confronté notre pays sont calquées à l’échelle de la jeunesse. La question n’est pas de savoir s’il faut abolir ou maintenir cet outil, mais plutôt de réformer complètement l’Éducation nationale, victime d’un terrible déclin à mesure que les années passent et que les réformes insuffisantes se suivent et se ressemblent, sans jamais trouver aucune solution concrète et durable, malgré un budget ministériel s’élevant à 59 milliards d’euros en 20235.

Constatant ce déclin de l’Éducation nationale, un nombre croissant de parents choisit de scolariser leurs enfants dans des établissements privés sous contrat et hors contrat, à la recherche d’un enseignement qualitatif, rigoureux et exempt de toute emprise idéologique gauchiste insupportable, tout en faisant face à l’offensive du gouvernement sur ces établissements privés alternatifs pour leur imposer cette “mixité sociale”, car ils sont jugés “élitistes”…

Repartir sur des bases saines nécessite une refonte des programmes scolaires et un meilleur recrutement des professeurs, qui ne sont pas là pour faire de la propagande politique mais bien pour délivrer un enseignement à nos enfants, qui sont l’avenir de notre Nation. De même, si l’on veut améliorer les conditions d’études et les résultats scolaires au sein des zones dites REP+, il est nécessaire de revoir en profondeur la configuration actuelle des moyens financiers et humains alloués à ces territoires, et surtout, il est urgent de remettre au premier plan les valeurs de travail, d’autorité, d’excellence et de mérite au sein des établissements scolaires publics.

Théo A.

Sources externes :

1 “Le fonctionnement de la carte scolaire dans le second degré”, Ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des jeux olympiques et paralympiques

2  “Évaluations nationales de septembre 2023 en CP, CE1, CM1, 6e et 4e”, Ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des jeux olympiques et paralympiques

3 “La politique d’éducation prioritaire : les réseaux d’éducation prioritaire REP et REP+”, Eduscol, Janvier 2024

4 “L’éducation prioritaire”, Cour des comptes, 17/10/2018

5 Laurence Trochu, “La dure réalité du classement PISA met fin à 40 ans d’une emprise mortifère de la gauche sur l’école”, Le JDD, 14/12/2023

L’article vous a plu ?

Notre association est le dernier rempart idéologique aux théories de l’extrême gauche dans les universités: islamisme, indigénisme, haine de la France et de l’homme blanc, etc. Nous menons ce combat seuls: La Cocarde Etudiante est une association indépendante de tout parti politique, elle ne touche, contrairement à ceux qu’elle dénonce, aucune subvention de l’Etat. En nous faisant un don vous nous permettez d’acheter le matériel nécessaire à notre militantisme: tracts, affiches, autocollants, banderoles et même ce site internet. Sans le soutien financier d’un petit nombre de donateurs nous n’existerions plus aujourd’hui. 

Commentez

Rejoignez-nous

Abonnez-vous à notre compte Instagram pour suivre la vie de notre mouvement au quotidien.