Martin Sellner, né le 8 janvier 1989 à Vienne, est un activiste politique autrichien. Il est cofondateur du Mouvement identitaire d’Autriche, organisation nationaliste s’inspirant des Identitaires français et appartenant au mouvement identitaire paneuropéen.
Puisque notre mouvement est au cœur du combat métapolitique dans les universités, nous avons lu avec un grand intérêt votre tribune sur le site de l’Institut Iliade. L’entretien qui va suivre fait donc naturellement suite à cette tribune, vers laquelle nous renvoyons nos lecteurs. (https://institut-iliade.com/la-trahison-des-intellectuels-plaidoyer-pour-une-revolution-metapolitique/)
- Vous avez lancé une plateforme d’apprentissage avec des cours et séminaires en ligne sur la pensée de droite. Votre projet est également de regrouper les étudiants de droite en vue d’une reconquête de l’Université. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?
La « Gegenuni » est une plate-forme numérique de formation dont l’objectif est de classer les connaissances conservatrices et de les rendre accessibles.
De plus, nous mettons en réseau des étudiants de droite dans tout l’espace germanophone. Une initiative activiste en découlera bientôt, mais je ne peux pas encore en dire trop à ce stade.
- Dans votre tribune, vous évoquez le choix cornélien auquel les étudiants de notre famille politique sont confrontés : se rendre utile à la cause ou sécuriser sa carrière. Vous constatez avec amertume, le fait que les jeunes militants préfèrent souvent s’orienter vers des filières susceptibles de leur assurer une stabilité financière, plutôt que d’opter pour une stratégie d’entrisme, dans les secteurs académiques où se joue le combat culturel (journalisme, communication, enseignement, sociologie, histoire…). Comment selon-vous faudrait-il s’y prendre pour faire basculer ce rapport de force dans le sens du combat métapolitique ?
C’est une lutte contre la gravité du quotidien et de la politique. Car dans le dilemme décisionnel en question, on a généralement tendance à faire son choix en vue d’un profit personnel. En revanche, il faut des contrepoids motivants et entraînants qui puissent s’opposer à cette pesanteur. Seules les organisations qui proposent une alternative avec des symboles forts, des visions concrètes et une communauté vivante peuvent atteindre le but ultime du groupe. Au moment décisif de leur vie, c’est la force d’attraction d’un tel idéal qui attire un jeune dans la bonne direction, la droite. Nous avons besoin de plus de groupes de force de ce type dans toutes les universités !
- Diego Gambetta, universitaire italien et spécialiste des réseaux mafieux compare le fonctionnement académique au fonctionnement d’une mafia, dans laquelle les mandarins verrouillent le système universitaire, par la cooptation et la distribution de crédits de recherche. En admettant cette analyse, comment parvenir à intégrer le circuit universitaire sans montrer patte blanche ?
Cette tendance est une réaction aux excès de la folie, de « identity politics » et du néo-marxisme. Beaucoup de gens de droite tombent dans le panneau et veulent une université « politiquement neutre », qui s’apparente à une école spécialisée. Nous ne voulons pas d’une université politiquement neutre, mais d’une université de la nouvelle droite !
L’idéal de politique éducative que nous défendons ne voit pas l’université comme un lieu de formation pour idiots spécialisés, mais comme le centre de « l’espace spirituel de la nation », comme le citait Hugo von Hoffmansthal. Actuellement, il existe cependant encore, des sciences humaines très fortes et actives: « Black Lives Matter », l’idéologie « trans ». Tout est de leur faute ! C’est par là que nous devons commencer.
- Bernard Lugan, quant à lui, quelque part dans une de ces allocutions audiovisuelles, considère qu’il vaut mieux laisser mourir les institutions décrépites, pour bâtir ailleurs, des lieux nouveaux, à même de concurrencer les vieilles écoles. Dans cette perspective, que pensez-vous de l’Institut Iliade, de l’IFP, de ISSEP ou d’autres initiatives similaires ? Que pensez-vous de la profusion des conférences en ligne et des podcasts ?
Je trouve cela formidable et important. Il y a presque 100 ans, l' »Institut de recherche sociale » a été fondé à Francfort en tant que « contre-université » privée. Il s’agissait d’une réaction de gauche à l’hégémonie culturelle de la droite. Comme nous le savons, l’École de Francfort et la Théorie critique en sont issues. Nous avons besoin de tels instituts, numériques et analogiques, comme espaces de repli et centres d’organisation. Mais pour éviter la sclérose nous devons continuellement agir contre les universités officielles. Pour cela, nous avons besoin de groupes d’action comme la « Cocarde étudiante ».
- Pensez-vous que le militantisme de terrain est désormais un moyen archaïque pour mener le combat métapolitique?
Non, il est et reste indispensable, tout comme les armées de haute technologie ne peuvent pas se passer de l’infanterie. Dans mon livre « Changement de régime de la droite », je distingue 5 domaines : le parti, la contre-publicité, la théorisation, la contre-culture et le mouvement activiste.
La théorisation et la contre-opinion ne peuvent pas à eux seuls provoquer un changement métapolitique. Il faut une force dans la rue et passer de la pensée à l’action. Sinon, nous aboutissons à la « métapolitique du vide » que Guillaume Faye a justement critiquée.