Honoré d’Estienne d’Orves, un résistant français nationaliste qui mériterait sa place au Panthéon

La panthéonisation toute récente de Missak Manouchian, quatre-vingts ans après son exécution, remet au goût du jour l’éternelle dualité entre résistants gaullistes et communistes. C’est l’occasion de constater une préférence délibérée pour des résistants dignes du Panthéon, c’est-à-dire les communistes, a contrario de ceux jugés « insuffisants. » Cette insuffisance n’est en rien marquée par un manque de courage ou de service rendu à la patrie mais bel et bien représentative de la propension de certaines figures de la Résistance à desservir – de par leurs engagements politiques – l’idéologie dominante actuelle, à l’instar d’Honoré d’Estienne d’Orves, résistant gaulliste, fervent catholique et nationaliste. Ce dernier se distingue de Missak Manouchian par ses opinions et par ses motivations qui l’ont amené à s’engager dans la Résistance. Ainsi, leur passé commun de résistants ne les place cependant pas sur un pied d’égalité. Au regard de leurs idées politiques, Missak Manouchian profite d’une glorification et d’une récente mise en lumière comme en témoigne sa panthéonisation tandis qu’Honoré d’Estienne d’Orves – bien qu’il ne souhaitait pas une reconnaissance particulière – est à peine connu. Aussi faut-il se demander pourquoi la panthéonisation de Missak Manouchian pose problème d’un point de vue national et pour quelles raisons Honoré d’Estienne d’Orves mériterait tout aussi bien, si ce n’est davantage, sa place au Panthéon.

Missak Manouchian, une résistance davantage rouge que bleu blanc rouge

Sous la Ve république, 20 figures ont été panthéonisées et sans surprise, c’est bien la gauche qui est la plus coutumière du fait, avec ses 17 panthéonisations. Il est évident que placer ces figures de gauche résulte d’une volonté d’imposer ses propres symboles, faisant par la même occasion ombrage aux figures de droite. 

En effet, comment trouver symbole plus sublime, plus retentissant et plus pur qu’un résistant, étranger arménien, né au sein de l’Empire Ottoman, qui immigra en France pour fuir le génocide de ses congénères ? Mais surtout un étranger qui rejoigna par la suite, en réaction à la crise de février 1934, le Parti Communiste Français faisant office de mouvement antifasciste. Malgré un contexte historique qui fut déjà témoin des premiers ravages du  communisme, l’éloge du résistant arménien met en exergue l’acceptation sociale ou plutôt l’aveuglement général vis-à-vis de cette doctrine. Doctrine que l’écrivain Eugène Ionesco décrivait d’ailleurs dans ses écrits comme l’un des «  horribles cauchemars du siècle ».

Par ailleurs, la glorification excessive du résistant arménien et militant communiste pose la question de la nature de ses actions résistantes ainsi que des raisons de son engagement dans la Résistance. 

Résistant dont les actions se limitaient à des fins propagandistes, un fait conséquent et dramatique vient également entraver la construction de l’héroïsation de Missak Manouchian. Le 16 novembre lors de son arrestation, il livre sans vergogne son chef Joseph Epstein et dévoile de nombreuses informations critiques lors de son interrogatoire à la Préfecture de police comme ses rendez-vous avec deux autres résistants, Marcel Rayman et Olga Bancic, tous deux exécutés par la suite. En comparaison, Honoré d’Estienne d’Orves mourra pour sa part avec dignité sans livrer ses camarades. Son courage, ainsi que celui de ses huit autres camarades, fut d’ailleurs salué par le tribunal militaire allemand qui demanda leur grâce au Führer. 

Pour ce qui est des motivations de son engagement, Manouchian, conformément aux autres résistants communistes, s’engage au sein des forces de résistances communistes en juin 1941, seulement après le déclenchement de l’opération Barbarossa et l’attaque de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie. Concomitamment il renoue avec la MOI (Main d’Oeuvre Immigrée) et décide de s’engager peu de temps après dans la Résistance contre le Nazisme, au sein des forces communistes. L’engagement du résistant arménien s’opposant à l’occupation nazie est notable et honorable, mais cet engagement est cependant bien plus teinté de rouge que de bleu ou de blanc. Un engagement qui laisse donc à désirer d’un point de vue patriotique et national, puisqu’il est nécessaire de se demander s’il serait entré en résistance dans le cas où le pacte germano-soviétique aurait persisté. D’autre part, son héroïsation par le PCF est d’autant plus scandaleuse que les résistants communistes ayant commencé à résister dès 1940, comme le célèbre chef des maquis du Limousin Georges Guingouin, furent inquiétés par le Parti Communiste lui-même. La valorisation des résistants communistes est donc déplorable d’un point de vu national et éthique mais constitue aussi une insulte à tous les pionniers de la Résistance française patriotique à l’instar de Paul Collette, Jacques Renouvin qui fut l’un des premiers fondateurs de la Résistance, Henri Frenay, Philippe Leclerc membre de l’Action Française jusqu’en 1940 ou encore le général Charles Delestraint et tant d’autres, qui constituent des oubliés de la Résistance.

De facto, l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon aurait pu être considérée comme anti-républicaine par essence, mais l’opportunité de glorifier un résistant étranger dans une France qui peine à panser les blessures causées par l’immigration était trop belle pour ne pas être saisie. Ainsi, bien que Manouchian et son intérêt pour la culture française (notamment poétique) pourrait s’ériger en modèle d’assimilation, le sous entendu idéologique dévoilé lors de la cérémonie du 21 février démontre une volonté malhonnête de dévoyer la figure du résistant en une figure plus large de l’immigré bienfaiteur. Cette cérémonie organisée par Macron dans une optique de justifier l’immigration laisse deviner un parallèle entre les immigrés d’hier et ceux d’aujourd’hui. Plus précisément une allusion selon laquelle, à l’instar des immigrés modèles d’avant guerre, ceux d’aujourd’hui seraient tout aussi enclins à donner leur vie pour la France. Une allusion plutôt fallacieuse puisque de nos jours, les populations immigrées ne sont plus tellement européennes mais surtout africaines et arabo-musulmanes et que 57 % des jeunes musulmans pensent que la Charia est plus importante que le droit français, selon l’Ifop pour le Comité Laïcité République. Il apparaît donc assez contre-productif et insensé que des hommes et des femmes décident de se battre pour défendre un pays et des lois qu’ils considèrent à peine comme les leurs. La panthéonisation de Manouchian est donc aussi politique que mémorielle et dénote un deux poids deux mesures dans la valorisation des figures résistantes, tenant compte de leurs idées politiques.

Honoré d’Estienne d’Orves, une résistance nationaliste et cohérente 

Honoré d’Estienne d’Orves, un résistant gaulliste trop français pour le Panthéon ? Pourquoi devrions nous considérer la panthéonisation de Missak Manouchian mais pas celle du résistant français ? Une biographie s’impose de ce fait pour comprendre en quoi son engagement est en totale adéquation avec la vision de la France que nous défendons.

Honoré d’Estienne d’Orves est un résistant français, héros de guerre et martyr. Il devient compagnon de la Libération à titre posthume le 30 octobre 1944. L’homme est issu d’une longue lignée : les d’Estienne, vieille famille d’origine provençale, côté paternel, et les Vilmorin, côté maternel.

Le jeune homme profite d’une jeunesse heureuse bercée par des voyages en France et en Europe. Il entre au Lycée Louis-le-Grand en 1919 afin de préparer son concours d’entrée à l’Ecole Polytechnique, qu’il intégrera finalement en 1921 tout en s’éloignant de la politique et de l’Action Française qu’il fréquentait au lycée. À sa sortie de Polytechnique, en août 1923, il s’engage dans la Marine Nationale où il sera élève à bord du croiseur école Jeanne d’Arc. Ses embarquements successifs l’auront emmené aux confins du monde : du Maroc à la Chine, du Brésil à Bali, ces nombreuses rencontres avec d’autres cultures lui permettront d’apprendre et de comprendre les modes de vie d’autres populations. Un sens de l’engagement et de la patrie déjà présent avant guerre qui profile déjà son entrée dans la Résistance.

Lorsque le croiseur Duquesne, sur lequel d’Estienne d’Orves est lieutenant, se retrouve bloqué au quai d’Alexandrie suite à l’opération Catapult le 3 juillet 1940, il refuse l’inaction et décide de poursuivre le combat en rejoignant le général Legentilhomme, commandant des troupes françaises à Djibouti (et qui refuse de se soumettre à l’Armistice). Il écrira d’ailleurs à ce sujet : « en continuant la lutte, j’ai pensé que j’agissais conformément à nos traditions. » Lui qui se faisait un point d’honneur à obéir lors de sa courte carrière militaire se plaçait désormais sous la maxime :« obéir c’est trahir, désobéir c’est servir ».

C’est donc sous le pseudonyme de « Châteauvieux » qu’il publie un communiqué de presse annonçant la création du 1er Groupe marin. Mais la colonie se rallie finalement à Vichy et d’Estienne d’Orves s’exile en Angleterre afin de se présenter au quartier général du général de Gaulle. Il sera affecté au 2e bureau des Forces navales françaises Libres. Envoyé en mission en France, il organise un réseau de renseignements, le réseau Nemrod. Il crée la première liaison radio entre la France occupée et Londres. Il charge par ailleurs une de ses connaissances d’avant guerre, Max André, de monter un réseau de renseignement dans la capitale. C’est suite à son retour à Nantes qu’il est trahi par un agent du contre-espionnage allemand qui le fait arrêter le 22 janvier 1941. Peu de temps après, les vingt-trois autres membres du réseau subiront le même sort. Tous les accusés sont transférés à Berlin puis à Paris où, la cour martiale Allemande condamne d’Estienne d’Orves à mort ainsi que huit de ses camarades le 23 mai 1941. Mais c’est en représailles que d’Estienne d’Orves sera exécuté. En effet, lorsque le résistant communiste Pierre Georges abat l’aspirant d’intendance de la Kriegsmarine Alfons Moser, le général von Stülpnagel saute sur l’occasion pour en faire un exemple. Ainsi, cent otages sont exécutés dont d’Estienne d’Orves le 29 août 1941 au Mont Valérien en compagnie de Maurice Barlier et de Yan Doornik. . Peu avant son exécution, Honoré d’Estienne d’Orves écrit à sa sœur à propos de la France :« je meurs […] pour sa liberté entière, j’espère que mon sacrifice lui servira.» Ainsi s’achève l’histoire glorieuse et dévouée d’un de ces hommes qui donna sa vie pour la France et pour la vision qu’il avait d’elle. Honoré d’Estienne d’Orves se battait pour une France libre et pour « la grandeur de la France » selon ses propres dires. Son engagement est donc remarquable puisqu’il fut avant tout désintéressé mais fut surtout, à l’inverse de Manouchian, un exemple concret de l’idéologie nationaliste. Quoi de plus beau que de défendre au prix de sa vie le pays qui vous a vu naître, faisant fi du gouvernement collaborationniste tout comme des communistes qui ne firent d’abord rien. Manouchian malgré sa résistance notable et honorable ne se battait pas pour la France mais bien pour l’URSS contre le nazisme. Le mérite de la place au Panthéon qui lui a été accordée reste en conséquence à relativiser, non pas du fait de son engagement mais plutôt de par les motivations qui l’ont poussé à devenir résistant.

La panthéonisation d’une telle figure dans un pays comme la France d’aujourd’hui dans laquelle l’amour de la patrie et son identité ne sont plus, laisse à désirer. Missak Manouchian se dresse en opposition radicale à la figure d’Honoré d’Estienne d’Orves dont l’entrée au Temple de la Gloire eût été légitime et aurait constitué un parfait début de reconquête du sentiment patriotique dans le cœur de tous les jeunes Français. Loin de toutes considérations idéologiques propices à la désacralisation d’un tel honneur, il est grand temps que le Panthéon renoue avec l’esprit initial qui l’anime, contenu dans sa devise fièrement exhibée :« aux grands hommes, la patrie reconnaissante.» 

Alix Bongars de Vaudeleau  

Sources externes

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